Briser les os de Cassandra Khaw

Quatrième de couverture : John Persons est détective privé et son dernier job a tout du plan foireux : un enfant d’onze ans l’a engagé pour tuer son beau-père, un certain McKinsey. Après quelques recherches, il apparaît que l’homme en question n’est pas seulement abusif, toxique et violent (ce qui est déjà beaucoup !), c’est aussi un monstre venu… d’ailleurs.

Heureusement, John Persons n’est pas un simple détective. Familier des forces occultes, il a au cours de son existence traqué et anéanti des démons et des dieux.

En fait, le seul souci lorsqu’on affronte un vrai monstre, c’est de ne pas lâcher la bride de sa propre monstruosité.

 

Avis :  Poisseux.

Si je devais résumer ma lecture, ce serait par le mot poisseux. Dès les premières lignes, l’ambiance colle à la peau. Celle du roman noir avec son détective privé dans son bureau, si caractéristiques du genre. Celle du quartier de Croydon à Londres, qui est autrement plus sombre et hostile que sur les photos trouvées sur Google. Celle du mystère qui entoure la requête de cet enfant venu demander à John Persons de tuer son beau-père. Sans parler des monstres dont il est question en quatrième de couverture. Le contraste avec le titre, qui évoque un bruit cassant, est d’ailleurs très intéressant.

Briser les os s’inscrit dans la pure tradition de l’horreur lovecraftienne. On y retrouve en fond de nombreuses références au mythe de Cthulhu et surtout cette sensation viscérale que le monde est corrompu jusqu’à l’os, qu’il y a des choses qui rampent dans l’ombre et sous la peau des personnages que l’on croise. Des choses qui ne demandent qu’à sortir et qui, quand elles le feront, seront très dérangeantes à regarder.

Le livre coche toutes les bonnes cases de l’horreur et du polar. Le choix du vocabulaire, les tournures de phrases, tout est mis en œuvre pour créer un malaise prégnant. La traduction est de très bonne qualité, au passage. L’autaire aborde aussi des sujets sensibles en les mettant au même niveau de monstruosité que les créatures fantastiques. Ce qui explique les trigger warnings.

Cette novella ne passe pas loin du coup de cœur pour moi. Je lui reproche peut-être un peu son épilogue, qui casse le rythme tout en venant soutenir le mythe. Selon moi, il s’adresse plus aux amateurices de cet univers, mais risque de perdre les néophytes. J’ai eu la chance de travailler sur deux livres s’inscrivant dans cette mouvance et d’avoir été initiée au passage à l’héritage de Lovecraft et au travail de ses adeptes ; j’étais donc mieux préparée à l’apprécier.

En tout cas, si vous recherchez un petit shoot d’horreur bien fichu, n’hésitez surtout pas. Briser les os se dévore.

 

À propos de l’autaire (auteurice non-binaire) : Né·e en 1984 en Malaisie, Cassandra Khaw est autaire de science-fiction et d’horreur. Iel écrit des jeux vidéo, des jeux de rôle et des livres.


Informations sur l’édition :
Poche avec rabats
Éditeur : Argyll
Sortie : 12 septembre 2025
128 pages
ISBN : 978-2-494665-95-8
Prix : 9,90 €
Disponible en numérique :  4,99 €