Qu’est-ce donc que cette bête-là encore ?
Si vous ne lisez jamais d’essais, il est possible que vous n’ayez jamais croisé ce mot. Pourtant, le lyber s’inscrit dans une démarche intéressante.
LYBER: n.m. XXIe, construit à partir du mot latin liber qui signifie à la fois : libre, livre, enfant, vin. [C’est également le nom d’une divinité assimilée à Dionysos, dont la fête (Liberalia) est fixée au 17 mars (date de parution en librairie du livre Libres enfants du savoir numérique) et qui a la particularité de ne pas avoir de temple propre !] Le y signale l’appartenance du concept à l’univers Cyberal. (Définition de Michel Valensi)
Le terme apparaît donc pour la première fois le 17 mars 2000 dans le livre Libres enfants du savoir numérique. Michel Valensi y signe le texte Petit traité plié en dix sur le Lyber.
Il définit le lyber comme un livre shareware, qui doit répondre aux conditions suivantes :
- Mise à disposition gratuite sur le Net du texte dans son intégralité, en parallèle de la mise en vente de la version papier.
- Invitation à celui qui le lit, ou le télécharge, à en acheter un exemplaire pour lui ou pour ses ami(e)s, si le livre lui a plu.
- Possibilité de signaler l’adresse du libraire le plus proche du domicile du lecteur où ce lyber risque d’être disponible.
- Possibilité laissée aux lecteurs d’intervenir en commentaires sur le texte en ligne, avec la création de fichiers complémentaires consultables.
Il ne s’agit donc pas de livres piratés, puisqu’ils sont mis en partage sur les sites des maisons d’édition le souhaitant afin d’être lus librement par qui le souhaite. La plupart du temps, la forme sera suffisamment peu attractive pour freiner l’envie de partager le fichier au monde entier.
Vous l’aurez sans doute deviné, il s’agit ici d’une démarche militante. Toutes les maisons d’édition ne s’y risqueraient pas, par peur du manque à gagner. Ici, on compte sur les lecteurices ayant aimé le livre pour l’acheter ensuite pour eux ou pour un tiers.
La démarche vise à :
- Remettre en cause le monopole marchand du livre en offrant la possibilité à celles et ceux pour qui le prix du livre est un frein d’avoir accès au savoir.
- Ouvrir une réflexion sur la propriété intellectuelle, le libre accès et les communs culturels.
- Être un acte de résistance éditoriale, en plaçant le texte au centre et en contournant les intermédiaires.
- Positionner le lyber comme une alternative au capitalisme éditorial, une manière de défendre l’émancipation par la lecture.
Quelques maisons d’édition qui proposent des lybers sur leur site :
Éditions de l’éclat (à l’origine même du concept de lyber)
Éditions Zones
Éditions Dans nos histoires
Éditions Antisociales
September Books
Éditions Repas