L’auto-plagiat

Normalement, quand on est auteurice, on sait ce qu’est le plagiat. C’est une énorme source d’angoisse pour beaucoup d’auteurices qui ont peur qu’on leur vole leur travail. On évite aussi de s’approprier le travail des autres quand on est intègre et qu’on ne veut pas de problèmes avec la justice (voir les textes de loi en fin d’article). Car le plagiat, c’est avant tout du vol.

Mais saviez-vous que l’auto-plagiat n’est pas non plus une bonne idée ?

« L’auto-plagiat est une forme de plagiat dans laquelle un auteur copie sa propre œuvre pour en faire de nouvelles. » (Wikipédia)

D’habitude, on y fait très attention dans le domaine universitaire et scientifique. Il est parfois tentant de faire du recyclage sans vraiment citer sa source puisque l’on est soi-même la source et que l’on ne vole donc personne.

Cependant, les comités d’éthique s’accordent sur le fait que c’est contraire à la déontologie et un manquement grave à l’intégrité scientifique.

Qu’en est-t-il dans le milieu de l’édition ?

Eh bien, on n’aime pas du tout, surtout quand on s’en rend compte. À plus forte raison, si les droits de votre autre texte, dont vous avez repris tout un passage parce qu’il vous plaisait bien, sont chez un autre éditeur.

Vous voyez le problème ?
Il y a quelques années, je suis tombée sur un très beau cas d’auto-plagiat lors d’une correction éditoriale pour un éditeur.

Ce qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est que cet énorme bout de texte détonnait avec ce qu’il y avait autour. Au point que j’ai eu l’idée d’aller faire un tour sur Google pour voir s’il ne venait pas d’ailleurs. Et c’était le cas.
L’auteurice avait repris en quasi intégralité un de ses propres textes… déjà publié ailleurs.

Je ne vais bien sûr ni donner de nom ni rentrer dans les détails. J’ai tout de suite tiré la sonnette d’alarme auprès de l’éditrice et le passage a été retiré. On a eu un peu chaud.

Bien sûr, peut-être que personne n’aurait jamais rien vu. Ou peut-être que si. Bonjour les ennuis.
Gardez toujours à l’esprit que ce n’est pas parce que vous avez écrit un passage par le passé que vous pouvez le recycler comme bon vous semble.

Bien sûr, si le texte n’a jamais été publié nulle part et qu’il est toujours au fond d’un tiroir, allez-y, rien ne vous en empêche.

Par contre, s’il a été disponible ailleurs à un moment, réécrivez-le, ça vaudra mieux pour tout le monde.

Que dit la loi au sujet du plagiat ?

Article L335-2

Toute édition d’écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit.

La contrefaçon en France d’ouvrages publiés en France ou à l’étranger est punie de trois ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende.

Seront punis des mêmes peines le débit, l’exportation, l’importation, le transbordement ou la détention aux fins précitées des ouvrages contrefaisants.

Lorsque les délits prévus par le présent article ont été commis en bande organisée, les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 750 000 euros d’amende.

(source)

Article L335-3

Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur, tels qu’ils sont définis et réglementés par la loi.

Est également un délit de contrefaçon la violation de l’un des droits de l’auteur d’un logiciel définis à l’article L. 122-6.

Est également un délit de contrefaçon toute captation totale ou partielle d’une œuvre cinématographique ou audiovisuelle en salle de spectacle cinématographique.

(source)