Si vous êtes auteurices ou que vous suivez des auteurices et des maisons d’édition, alors vous avez déjà croisé des phrases comme : « J’en suis à 35 000 mots sur mon objectif de 80 000. » ou « C’est un joli petit pavé de 800 000 signes. »
Peut-être que ça vous a toujours paru un peu flou. Peut-être que vous ne parlez qu’en mots et que les signes ne représentent rien pour vous. Peut-être que vous ne voyez que le nombre de pages final et que tout le reste, c’est du charabia.
En France, dans le milieu de l’édition, on parle en signes, plus précisément en SEC pour signes espaces comprises.
Un signe (src : cnrtl) = Graphème ou caractère ayant une valeur donnée dans un système d’écriture. Signe alphabétique, diacritique, orthographique, typographique ; signe abréviatif ; signe de ponctuation.
Au passage, une espace, c’est la petite lame de plomb en rouge sur l’image suivante :

Quand on compte en SEC, on compte tout, y compris les espaces. La raison est simple, si on ne lisait que les mots, on ne prendrait pas en compte la ponctuation et les espaces entre les mots. Je vous laisse imaginer les conséquences.
Un correcteur est entraîné à tout regarder, y compris les espaces en trop. Notamment ceux qu’Antidote laisse passer.
Pourquoi autant d’auteurices parlent-iels donc en mots ?
Eh bien, probablement parce qu’iels ont fait un NaNoWriMo ou utilisent Wattpad ou par mimétisme. Les deux plateformes comptent (ou comptaient) en mots, qui est la norme en Amérique du Nord. (Le site du NaNoWriMo a fermé ses portes début avril 2025.)
Pour ce qui est des pages, ça me laisse toujours un peu perplexe. Je reçois des textes qui ont parfois sensiblement le même nombre de SEC et pourtant le nombre de pages est différent (parce que la police, la taille de la police, la hauteur de l’interlignage, les marges…).
Lors de ma formation de lectrice/correctrice, on m’a pourtant appris à estimer à la louche le temps de travail sur la base du nombre de pages. La théorie voudrait que j’applique un tarif horaire. Dans la pratique, j’ai un tarif pour 1000 SEC, variable en fonction de la longueur du texte et du travail demandé.
Mais revenons à nos moutons.
Si nous mettons de côté cette histoire de pages, voici une petite astuce pour naviguer facilement entre les SEC et les mots.
nb SEC = nb mots x 6
En gros.
Pour obtenir le nombre exact de SEC, il suffit de regarder les statistiques de votre document. Sous Word et LibreOffice, cliquez sur le nombre de mots ou de signes en bas à gauche. (Je triche, j’affiche déjà les deux.)


Voilà. Vous en savez maintenant plus sur la façon dont on mesure la taille d’un texte.
Ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’en France, on parle en SEC. Regardez les appels à texte par exemple. Même si les éditeurs ne vous reprendront pas si vous parlez en mots, les gens qui travailleront sur votre texte ensuite reviendront aux SEC.